Quand les bateaux se sont mis à voler... et comment ?

  • Categorie: Focus technique
  • Mise à jour : décembre 2021

En 1989, la Banque Populaire Grand Ouest a ouvert la voie de la valorisation des écuries de course à la voile. L’image plaît. Elle illustre la volonté collective humaine, l'idée de repousser les limites des possibles, d’aller toujours plus loin et inventer le monde du futur par l'innovation. C'est une image collective, mais aussi humaine mettant en scène l'homme seul contre les éléments et le dépassement de soi. On se souvient tous des images du record du tour du monde en équipage de Loïck Peyron sur le maxi trimaran Banque populaire V lors du trophée Jules Verne de 2012 ou, encore de la victoire d'Armel le Cleac'h, face au britannique Alex Thomson sur le Vendée Globe 2016/2017. Tout est fait pour donner une meilleure image de la banque au public, une banque qui prend des risques, qui accompagne l’entreprenariat, le défi, les projets les plus fous. En trente ans, la BPCE affiche 15 records transatlantiques, une route du rhum, un Vendée Globe avec des retombées médiatiques incroyables. Le secret : l’optimisation. Thierry Bouvard rappelle qu'« en 2012, à l'époque où les réseaux sociaux étaient moins développés, nous avons reçu plus de 20.000 messages de clients et collaborateurs. En 2017, avec Armel, la valorisation média a atteint 55 millions d'euros. Plus de dix fois plus que l'investissement... ». Les autres grands investisseurs ont suivi, Sodebo, Maïf, Groupama, etc. avec les mêmes ratios investissement /retombées économiques. Sans ce besoin de communication des grands investisseurs, tout aurait été différent.

Mais comment garantir le bon développement de prototypes fonctionnels et de plus en plus innovants et coûteux ?
Rappelons que jusqu'en 2000, les prototypes étaient construits de manière plutôt empirique. Ils n'étaient pas encore envisagés comme des prototypes d'innovation expérimentale. Il n'y avait donc que peu de tests scientifiques ou de R&D dédiés aux différents domaines mis en œuvre. « On ne savait pas que l’on faisait de la R&D »…. La voile océanique est devenue le sport mécanique qui a le plus évolué ces trente dernières années : révolution au niveau des hommes qui ne sont plus des marins barbus mais de véritables ingénieurs formés à parler au médias.

Éric Tabarly est le profil type du nouveau skipper-ingénieur. Il imaginera le premier voilier spécifiquement conçu pour un transat en solitaire (avec carène à double bouchain, safran suspendu reculé, régulateur d'allure, quille à bulbe pendulaire, gréement de goélette à wishbone, essais en bassin de carène), du premier trimaran de course de grande taille à mâts profilé et voiles lattées (avec premiers ballasts, formes planantes, arrière large, redan de coque, lest minimal, chaussette à spi, premier concept d’hydroptère), et aussi du premier trimaran à foils… C’est donc aussi une révolution architecturale, avec des avancées spectaculaires des technologies, matérielles, électroniques, numériques… Les années 2000 marquent vraiment cette transition vers une approche plus scientifique de la voile avec de nouveaux matériaux, de nouvelles sortes de voiles, l'apparition des premiers foils, du pilotage automatique… Tout est mis en oeuvre pour repousser les limites de l’impossible. En une vingtaine d’année, la durée du tour du monde sans escale du Vendée Globe, est passée de 109 jours à 78 (record de François Gabart).

Comme le rappelle Thierry Bouvard : « La voile est un sport symbiotique. Le marin et le sponsor ont un intérêt commun : celui de faire en sorte que le programme fonctionne. Ils avancent ensemble pour faire parler d'eux. » Dans ce schéma, la place du conseil en CIR est au centre de cette symbiose. Le travail est de comprendre et soutenir les enjeux des ingénieurs pour répondre aux objectifs des investisseurs.
Dans les années 2000, le financement de la R&D reste fragile et risqué, la R&D peu suivie avec souvent, un manque de coordination au niveau des sous-traitants. Les objectifs restent limités par le manque de financement et le manque de prise de risque.


Un article sur l'histoire du sponsoring de Banque Populaire dans l'innovation de la voile.
Un article sur l'évolution du concept de foils depuis Tabarly.